Peut-être l’avez-vous déjà constaté par vous-même : ignorer où l’on va a quelque chose d’un peu flippant. Quand le marin navigue sans rien voir et sans sa boussole intérieure, soit il tourne en rond soit il s’échoue sur un écueil.
Depuis deux ans, c’est le brouillard en mer et à chaque fois que le marin pense que celui-ci va se lever, voilà qu’il s’épaissit toujours plus. Souvenez-vous, matelots… Tout a commencé en l’an de grâce 2020 lorsque des moussaillons s’étaient mis à mourir. Il en meurt tous les jours, des moussaillons, mais cette fois, il semble qu’ils succombent tous au même mal et que ce mal est fomenté par un petit pirate. Mais qui est-IL donc ce vaurien, ce corsaire, ce flibustier sorti de nulle part comme un lapin sort du chapeau du prestidigitateur ? Faut-il avoir peur de LUI ou n’est-IL que de passage ? Comment LE contrer ? Est-il d’ailleurs possible de le faire ? Les mousses paniquent et se tournent vers le capitaine, car après tout, c’est lui qui est responsable du navire. Mais ledit capitaine, aussi dérouté que son équipage, ignore encore vers quelle destination mettre le cap. Endossant sa charge sur ses maigres épaules, le maître du vaisseau bombe le torse, tente de se grandir et prend des mesures. Celles-ci sont premièrement conseillées, deuxièmement imposées, un pas en avant, un pas en arrière, le chef de bord entame la danse de l’hésitation, du tâtonnement, du pinaillage. Face à l’urgence de la situation et sous la pression de ses hommes, il tente vaguement de prendre exemple sur ses confrères, les autres capitaines, mais force est de constater qu’ils bourlinguent tous sur le même océan, dans la même brume épaisse et qu’aucun d’entre eux ne sait réellement que faire. Alors quitte à être paumé, autant tirer parti de la situation ! Le skipper est intelligent et c’est d’ailleurs pour cela qu’il est devenu skipper. Lentement, mais sûrement, l’homme retrouve confiance en lui tout en même temps qu’il retrouve son Nord. Puis vient le temps où l’économie commence à s’effondrer. Plus moyen de commercer et plutôt que de rentrer dans les caisses, l’argent en sort. Le fragile équilibre menace de se rompre… Et puis aussi, les matelots commencent à s’ennuyer. Avant donc qu’ils ne pensent à se mutiner, ordre a été donné de faire escale dans une contrée ensoleillée. Ça tombe bien, ce sont les vacances d’été. Pendant ce temps, bien à l’abri dans son poste de commandement, le capitaine se remémore son vieux rêve d’enfant : "Pourquoi me contenter de diriger un unique vaisseau alors que je pourrais commander toute une flotte". Le petit capitaine s’est toujours vu devenir amiral et les circonstances qui l’avaient tout d’abord désarçonné pourraient bien s’avérer utiles pour matérialiser ses aspirations secrètes. Et puisqu’IL est toujours là qui rôde, le félon flibustier, et puisqu’il faut un ennemi commun pour rassembler l’équipage autour de son chef, le corsaire sera bouc émissaire et endossera ce que personne n’a jamais publiquement assumé. Mais le temps presse et le contrat du navigateur va bientôt expirer. Alors que le brouillard commençait à se lever, le marin chevronné souffle sur les nuages et le ciel s’obscurcit à nouveau. "Les sirènes m’ont parlé", déclare-t-il à la foule médusée, "Le pirate a un nouvel allié et le bâtiment risque de couler sous leurs assauts répétés." Branle-bas de combat au mess des officiers tandis que sur le pont central, les mousses sont de moins en moins motivés. La révolte gronde parmi ces derniers, ils en ont ras le bol de se faire enfumer. Et voici que se profile la nouvelle année… Au cours du premier semestre, le commandant de bord renouvellera son contrat. Ou pas. Ce qui est certain, c’est que dans un cas comme dans l’autre, cette nouvelle année sera une bonne année. Non parce que le contrat du capitaine sera renouvelé ou ne le sera pas, mais parce que dans un cas comme dans l’autre, le brouillard va enfin définitivement se lever. Nous saurons tous alors vers quel cap nous sommes en train d’être dirigés.
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Un article paru dans la célèbre gazette : "Je ne sais rien, mais je dirai tout... et plus encore !" de notre envoyée très spéciale : Marushka Tziroulnikoff
À l'approche de Noël, plus qu'à toute autre période de l'année, l'Humanité se divise. Mais selon les anthropologues et les sociologues, qui se sont récemment rencontrés au cours du sommet annuel inter-espèces, nul besoin de s'alarmer, car les deux groupes qui se reforment très distinctement chaque année, environ deux mois avant le 25 décembre, semblent cohabiter en bonne intelligence et ne manifestent - apparemment - aucune forme d'hostilité l'un envers l'autre. C'est en soi une excellente nouvelle, d'où l'intérêt de le souligner et pourvu que ça dure ! D'un côté, nous trouvons l'homo televisus, un groupe composé d'individus faisant essentiellement l'usage du pouce de la main droite pour appuyer sur les touches d'une petite boîte ayant la forme d'un parallélépipède. Notons toutefois que les études menées dévoilent que le pouce utilisé peut également, dans une moindre proportion, appartenir à la main gauche. Quoi qu'il en soit et peu importe le pouce utilisé, appuyer sur l'une ou l'autre touche de la petite boîte susnommée a pour effet de créer des images et des sons sur une surface plane couramment désignée comme étant un écran. La plupart du temps, cet écran est celui d'un téléviseur, mais il apparaît de plus en plus que ledit téléviseur est remplacé par un ordinateur ou une tablette ou un Smartphone. Mais ce ne sont là que détails et billevesées ! Ce qu'il nous faut retenir, c'est que ce premier groupe, à l'approche de la date de la célébration de la Nativité, se tanque, dès que son emploi du temps le lui permet, devant le fameux écran, un mug de chocolat chaud d'un côté, une boîte de mouchoirs de l'autre, et regarde, voit, vit, rêve, s'évade... à travers les comédies romantiques qui sentent bon la guimauve grillée au feu de camp, le rustique sapin Nordmann, l'amour toujours et les fins heureuses. De l'autre côté, voici que sort de sa grotte l'homo puzzlus, un groupe qui semble plus ancien que le précédent et qui a la particularité de faire encore usage de l'ensemble de sa main (là encore, qu'il s'agisse de la droite ou de la gauche n'est pas au centre du sujet traité dans notre article). Mais alors que le premier groupe utilise une boîte ayant la forme d'un parallélépipède pour projeter des images animées sur un écran, les scientifiques ont découvert que le second groupe utilise, lui aussi, une boîte ayant la forme d'un parallélépipède. L'usage de cette boîte est toutefois totalement différent, car nul besoin ici d'écran puisque l'image est imprimée sur la boîte - dont les dimensions sont supérieures à la boîte du premier groupe - et que ladite image est, cette fois, inanimée ! Les chercheurs ont également découvert que lorsque la boîte du second groupe était ouverte, elle recelait un nombre important de petites pièces cartonnées. Il apparaît alors que les individus composant le second groupe s'appliquent à assembler toutes les pièces de la boîte pour reformer une image identique à celle qui figure sur le couvercle et qui fait, sans aucun doute, office de modèle. Notons enfin que ce second groupe a pour auxiliaires une tasse de thé parfumé à la bergamote ou à la camomille et une lampe "lumière du jour" dont l'usage est un art, car il consiste à l'orienter de façon optimale pour éclairer, sans l'éblouir, le travail en cours. Cette passionnante étude, qui rassemble des scientifiques renommés venant de tous horizons, a permis de mettre à jour qu'il existait une similitude entre homo televisus et home puzzlus car, tandis que le premier groupe visionne des comédies romantiques orientées Noël, le second groupe recrée des images fixes orientées Noël. Peut-être est-ce ce tronc commun, qui les relie au-delà des us et coutumes propres à chaque espèce, qui empêche alors toute intention de velléité entre elles ? D'autres recherches plus approfondies tenterons à l'avenir de creuser le sujet, mais je peux toutefois vous dévoiler, chers lecteurs, que les neurologues dissèquent déjà quelques cerveaux et continuent de faire passer moult tests aux individus des deux groupes. Le but principal de leurs démarches étant de déterminer l'impact de ces deux pratiques - l'une plutôt passive, la seconde légèrement plus active - sur l'activité neuronale des sujets étudiés. À très bientôt donc pour la suite de ce palpitant sujet et pensez à vous abandonner à "Je ne sais rien, mais je dirai tout... et plus encore !" pour vous tenir à jour de l'actualité qui secoue le monde. Sainte Mère
Sainte Mort Je pose à tes pieds mon fardeau Je laisse tomber mon manteau J'avance nue Offre à ta vue Mon âme perdue Qui n'en peut plus Sainte Mère Sainte Mort Lève ton bras abats ta faux Puisqu'avec toi nous sommes égaux Accueille-moi J'ai tellement froid Entends ma voix Bénis ma foi © 2021 - Marushka Tziroulnikoff Si l'on est enfermé
Pendant des années Puis que nous est donnée La vraie liberté Dérouté Ébahi Étonné Interdit Nous doutons Hésitons Tâtonnons Pinaillons Serai-je capable d'y arriver ? Arriverai-je à décoller ? Et si je chutais ? Et si je mourrais ? Nous déployons pourtant nos ailes Testons nos facultés presque oubliées Cédons finalement à l'appel Laissant les éléments nous embrasser Puis un dernier regard À ceux que l'on va quitter Ensuite vient le départ Nulle envie de pleurer Je vole Je vole Et je ne suis même pas tombé J'ai eu raison de me lancer © 2021 - Marushka Tziroulnikoff Le jour où j'ai choisi de ne plus avoir peur
J'ai éteint la télé et coupé la radio Laissé choir le journal et délesté mon dos De toutes ces mémoires De tous mes souvenirs De tous ces cauchemars Qui nous font vieillir Le jour où j'ai choisi de ne plus avoir peur J'ai cessé de m'agiter J'ai arrêté de chercher Des réponses aux questions Des raisons aux illusions De vaines revendications Qui nous mettent la pression Le jour où j'ai chois de ne plus avoir peur J'ai renoncé à poursuivre Pour seulement m'extasier J'ai renoncé à vivre Pour simplement exister © 2021 - Marushka Tziroulnikoff |
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