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Janvier 1901. Tamsin Smith et son époux viennent d'emménager à Ventnor, sur l'île de Wight.
La jeune femme pourra-t-elle encore s'y adonner à sa passion pour le spiritisme ?
La jeune femme pourra-t-elle encore s'y adonner à sa passion pour le spiritisme ?
Lire LE DÉBUT
Quel surprise que le couple formé par Mr et Mrs Smith ait emménagé à Ventnor le jour même où la Reine Victoria décédait à Osborne House, sur l’île de Wight. Lorsqu’ils avaient appris la nouvelle, Tamsin Smith avait fait remarquer la coïncidence à son époux. Celui-ci lui avait alors intimé de se calmer et de ne pas laisser son esprit divaguer plus que de raison dans des pérégrinations hasardeuses. Charles Smith préférait être prudent, se souvenant que sa jeune épouse avait acquis, dès après la consommation de leur mariage, la réputation d’être fragile des nerfs. En effet, le matin qui avait suivi la nuit de noces, un psychiatre avait été dépêché sur place, car la jeune épousée, presque nue sur le lit nuptial, ne cessait de hurler telle une furie en tentant de lacérer les draps. Le médecin n’avait pas prononcé de diagnostic en sa présence, mais la jeune femme se savait surveillée de près depuis cet incident. Elle avait alors rapidement appris à contenir ses paroles et ses réactions lorsque ses émotions étaient à leur comble. Elle n’insista donc pas quant à un éventuel lien entre cet emménagement et le départ de la Reine pour un autre monde.
Tamsin Smith s’ennuyait dans son mariage. Son époux Charles n’était pas le pire homme que l’Empire britannique ait engendré. La jeune femme reconnaissait en toute bonne foi que son mari était bon envers elle, qu’il la respectait et qu’elle bénéficiait d’une assez grande liberté. À défaut d’avoir un titre, Charles avait une situation professionnelle plus qu’honorable, condition qui avait été indispensable avant que les parents de la jeune femme ne lui confient sa main et surtout, sa dot. Mais voilà, si Charles Smith menait ses sociétés, ses employés et ses ouvriers d’une main de fer et avec succès, il n’était que peu investi dans sa relation de couple. Monsieur n’était pas du genre à s’épancher et il était acquis, en ce qui le concernait, que le feu de la passion ne faisait pas partie de ses attributs naturels. La cour qu’il avait faite à la jeune femme avant leurs fiançailles avait été tiède et sans saveur. Tamsin savait que celle-ci avait été uniquement motivée par l’intérêt que le patron d’entreprises florissantes portait à sa lignée ancestrale. Toutefois, les forces de Charles Smith étaient d’une part sa réputation et d’autre part le fait qu’il savait compter, une qualité essentielle lorsque l’on mène de front pas moins de trois manufactures de textile. C’est bel et bien le père de la jeune femme qui avait été séduit et non elle.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Tamsin Smith s’ennuyait dans son mariage. Son époux Charles n’était pas le pire homme que l’Empire britannique ait engendré. La jeune femme reconnaissait en toute bonne foi que son mari était bon envers elle, qu’il la respectait et qu’elle bénéficiait d’une assez grande liberté. À défaut d’avoir un titre, Charles avait une situation professionnelle plus qu’honorable, condition qui avait été indispensable avant que les parents de la jeune femme ne lui confient sa main et surtout, sa dot. Mais voilà, si Charles Smith menait ses sociétés, ses employés et ses ouvriers d’une main de fer et avec succès, il n’était que peu investi dans sa relation de couple. Monsieur n’était pas du genre à s’épancher et il était acquis, en ce qui le concernait, que le feu de la passion ne faisait pas partie de ses attributs naturels. La cour qu’il avait faite à la jeune femme avant leurs fiançailles avait été tiède et sans saveur. Tamsin savait que celle-ci avait été uniquement motivée par l’intérêt que le patron d’entreprises florissantes portait à sa lignée ancestrale. Toutefois, les forces de Charles Smith étaient d’une part sa réputation et d’autre part le fait qu’il savait compter, une qualité essentielle lorsque l’on mène de front pas moins de trois manufactures de textile. C’est bel et bien le père de la jeune femme qui avait été séduit et non elle.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Alice et Robert sont amis et professeurs dans un College d'Oxford.
Mais il y a aussi Georges, le bel et intriguant étudiant.
Mais il y a aussi Georges, le bel et intriguant étudiant.
LIRE LE DÉBUT
Alice court dans le couloir, ses cheveux détachés volant tout autour de sa tête, son vif passage déposant à sa suite un délicat parfum de violettes.
– Cours lapin blanc, tu es en retard !
Alice se retourne et sourit à Robert qui lui fait un signe tout en lui montrant le cadran de sa montre à gousset qu’il tient dans l’autre main.
– Salut Rob, tu vas bien ? lui lance-t-elle sans cesser de courir.
– Attention ! crie Robert. Devant toi !
Trop tard, Alice vient de percuter de plein fouet le Doyen du Collège, un homme de stature plutôt corpulente.
– Eh bien, Mademoiselle Robinson, on court dans les couloirs ? On montre le mauvais exemple aux étudiants ?
– Oh, Monsieur le Doyen, je suis vraiment désolée. Je vous ai fait mal ? questionne la jeune femme soucieuse non pas de se faire disputer pour son retard, mais pour le mal physique que la collision a probablement dû infliger à l’homme qui la regarde avec bonhomie.
– Non, je n’ai pas mal, Mademoiselle Robinson. Je vais bien, je vous remercie. Et vous, vous allez bien ?
– Oui oui, Monsieur le Doyen, je vais bien, mais je suis en retard, affreusement en retard.
– Allez donc, je ne veux pas vous retarder encore plus. Filez, allez filez, vos étudiants vous attendent.
Alice reprend sa course tandis que l’homme la regarde s’éloigner en souriant. Elle traverse maintenant le cloître ensoleillé et se précipite dans l’escalier en pierre qui amène vers sa classe. Arrivée au premier étage, essoufflée, les joues roses, le corps tremblant, la jeune femme tente de se redonner une certaine contenance et met un peu d’ordre dans sa tenue. Elle commence par discipliner sa longue et abondante chevelure rousse en ramenant les mèches derrière son crâne et en les attachant avec une épaisse pince, puis elle lisse les plis de sa robe bleu clair, rajuste les manches sur ses épaules, toussote un peu pour éclaircir sa voix et pose enfin la main sur la clenche de la porte.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
– Cours lapin blanc, tu es en retard !
Alice se retourne et sourit à Robert qui lui fait un signe tout en lui montrant le cadran de sa montre à gousset qu’il tient dans l’autre main.
– Salut Rob, tu vas bien ? lui lance-t-elle sans cesser de courir.
– Attention ! crie Robert. Devant toi !
Trop tard, Alice vient de percuter de plein fouet le Doyen du Collège, un homme de stature plutôt corpulente.
– Eh bien, Mademoiselle Robinson, on court dans les couloirs ? On montre le mauvais exemple aux étudiants ?
– Oh, Monsieur le Doyen, je suis vraiment désolée. Je vous ai fait mal ? questionne la jeune femme soucieuse non pas de se faire disputer pour son retard, mais pour le mal physique que la collision a probablement dû infliger à l’homme qui la regarde avec bonhomie.
– Non, je n’ai pas mal, Mademoiselle Robinson. Je vais bien, je vous remercie. Et vous, vous allez bien ?
– Oui oui, Monsieur le Doyen, je vais bien, mais je suis en retard, affreusement en retard.
– Allez donc, je ne veux pas vous retarder encore plus. Filez, allez filez, vos étudiants vous attendent.
Alice reprend sa course tandis que l’homme la regarde s’éloigner en souriant. Elle traverse maintenant le cloître ensoleillé et se précipite dans l’escalier en pierre qui amène vers sa classe. Arrivée au premier étage, essoufflée, les joues roses, le corps tremblant, la jeune femme tente de se redonner une certaine contenance et met un peu d’ordre dans sa tenue. Elle commence par discipliner sa longue et abondante chevelure rousse en ramenant les mèches derrière son crâne et en les attachant avec une épaisse pince, puis elle lisse les plis de sa robe bleu clair, rajuste les manches sur ses épaules, toussote un peu pour éclaircir sa voix et pose enfin la main sur la clenche de la porte.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Beckie aime Michael, mais Michael aime-t-il Beckie ?
Attention ! Une femme trahie est capable de tout. Parfois même du pire.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Attention ! Une femme trahie est capable de tout. Parfois même du pire.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
LIRE LE DÉBUT
Beckie avait le choix : ou bien elle sombrait dans la mélancolie la plus totale ou bien elle fonçait tête baissée dans le problème. Ou bien elle se consolait en bouffant de la glace jusqu’à ce que son cul ne puisse plus s’extirper de l’espace délimité par les accoudoirs du fauteuil, ou bien elle plaquait tout et réalisait enfin son rêve. L’occasion était belle, non ? Trop belle pour la laisser lui passer sous le nez. Il était tout simplement hors de question qu’elle rejoigne le standard américain qui faisait la part belle à l’obésité morbide. Donc, pas de glace. C’est sûr qu’avec sa taille 38, Beckie était encore loin du compte, mais tout de même… il suffisait de se laisser un peu aller pour que tout dérape et qu’elle se prenne dix kilos sur les hanches en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Michael avait merdé et au final, c’était tant mieux. De toute façon, elle était arrivée à saturation dans tous les domaines de sa vie.
Beckie était une employée quelconque dans une entreprise quelconque qui vendait des produits quelconques. Pas la peine de s’étendre sur le sujet. Elle bossait parce qu’il fallait bosser. Sans ça, à quoi donc aurait-elle occupé ses journées ? Et justement, aujourd’hui, son boss lui avait tellement pourri la vie qu’elle avait choisi de prendre la tangente et de ne pas retourner au bureau après la pause déjeuner. Objectif : retrouver son amoureux chez lui et lui faire la surprise d’un câlin coquin comme il les aime. À l’improviste, il paraît que c’est meilleur, dixit sa copine Anna.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Beckie était une employée quelconque dans une entreprise quelconque qui vendait des produits quelconques. Pas la peine de s’étendre sur le sujet. Elle bossait parce qu’il fallait bosser. Sans ça, à quoi donc aurait-elle occupé ses journées ? Et justement, aujourd’hui, son boss lui avait tellement pourri la vie qu’elle avait choisi de prendre la tangente et de ne pas retourner au bureau après la pause déjeuner. Objectif : retrouver son amoureux chez lui et lui faire la surprise d’un câlin coquin comme il les aime. À l’improviste, il paraît que c’est meilleur, dixit sa copine Anna.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Suzie est Américaine et elle entend bien à ce que tout le monde le sache.
Pourquoi donc nos origines nous collent-elles irrémédiablement à la peau ?
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Pourquoi donc nos origines nous collent-elles irrémédiablement à la peau ?
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
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C’est pourtant simple à comprendre, non ? Chacun chez soi et les poules seront bien gardées. Oui, sauf qu’ici, c’est bel et bien la loi du plus fort qui règne. En courant vers la maison, elle entend les rires graveleux des hommes dans son dos.
– Eh les gars ! C’est qu’elle court vite la Boche !
« La Boche... Oh oui, gros lard, rappelle-toi donc mes origines. Mais souviens-toi aussi que ton pays a accueilli sur son sol quelques-uns des plus grands criminels nazi, juste après la Seconde Guerre mondiale. Pendant que les populations européennes vous vénéraient de les avoir sauvées de la barbarie de Adolf, vous, les Américains, vous avez continué vos sempiternelles petites magouilles. Le rêve américain... Je vais t’en fiche moi, du rêve américain. Tu ne vas pas être déçu, espèce de porc. »
Suzie se souvient...
Depuis qu’elle s’était installée ici, cinq mois plus tôt, il y avait eu du grabuge avec son voisin. Big John avait eu une façon très personnelle de souhaiter la bienvenue à la femme qui était arrivée à la fraîche, un jeudi d’octobre, avec pour toute richesse une vieille guimbarde qui tractait un van une place.
Aussitôt descendue de voiture, Suzie avait su qu’elle était observée, mais elle s’était concentrée sur ce qu’elle avait à faire. En priorité : sortir le cheval qui avait plus de mille miles dans les jambes. Elle avait été directement à l’arrière du van. En l’ouvrant, elle avait tenté de retenir le pont-porte, mais celui-ci lui avait échappé des mains et s’était écrasé au sol dans un claquement assourdi par le sable. L’alezan avait sursauté un peu et tourné la tête pour regarder derrière lui.
– Désolée, mon beau, avait dit la femme en s’adressant au cheval. C’est bientôt terminé. Nous sommes arrivés.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
– Eh les gars ! C’est qu’elle court vite la Boche !
« La Boche... Oh oui, gros lard, rappelle-toi donc mes origines. Mais souviens-toi aussi que ton pays a accueilli sur son sol quelques-uns des plus grands criminels nazi, juste après la Seconde Guerre mondiale. Pendant que les populations européennes vous vénéraient de les avoir sauvées de la barbarie de Adolf, vous, les Américains, vous avez continué vos sempiternelles petites magouilles. Le rêve américain... Je vais t’en fiche moi, du rêve américain. Tu ne vas pas être déçu, espèce de porc. »
Suzie se souvient...
Depuis qu’elle s’était installée ici, cinq mois plus tôt, il y avait eu du grabuge avec son voisin. Big John avait eu une façon très personnelle de souhaiter la bienvenue à la femme qui était arrivée à la fraîche, un jeudi d’octobre, avec pour toute richesse une vieille guimbarde qui tractait un van une place.
Aussitôt descendue de voiture, Suzie avait su qu’elle était observée, mais elle s’était concentrée sur ce qu’elle avait à faire. En priorité : sortir le cheval qui avait plus de mille miles dans les jambes. Elle avait été directement à l’arrière du van. En l’ouvrant, elle avait tenté de retenir le pont-porte, mais celui-ci lui avait échappé des mains et s’était écrasé au sol dans un claquement assourdi par le sable. L’alezan avait sursauté un peu et tourné la tête pour regarder derrière lui.
– Désolée, mon beau, avait dit la femme en s’adressant au cheval. C’est bientôt terminé. Nous sommes arrivés.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Sue fait toujours le même cauchemar et elle n'arrive plus à dormir une nuit complète.
Mais si Allan n'est pas là pour la rassurer, c'est son chat, Max, qui s'en chargera.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Mais si Allan n'est pas là pour la rassurer, c'est son chat, Max, qui s'en chargera.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
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Elle tient le couteau à deux mains et le plante profondément dans la poitrine de l’homme qui gît par terre. À califourchon sur lui, elle frappe et frappe encore le cadavre. Du sang gicle partout, elle en est même couverte. Elle pleure, elle hurle de rage, proférant des mots insensés. Puis, elle se calme. Quand elle cesse enfin de se défouler sur la masse inerte, elle tente de se relever. Elle veut s’éloigner, mais elle glisse sur le mélange de liquides corporels qui inonde le sol : sang et urine. Une odeur immonde parvient à ses narines et elle vomit un jet de bile, rajoutant une couche de plus à la scène d’horreur qui se colle à sa rétine. De la bave coule de sa bouche et d’autres spasmes soulèvent encore son estomac. Bruissement. Du coin de l’œil, elle perçoit un mouvement furtif dans la pièce sombre. Elle soulève le couteau qu’elle tient toujours dans sa main droite, prête à en découdre avec l’intrus. Un miaulement résonne dans la nuit, suivi par le bruit d’une langue féline qui lape une flaque de sang pur répandue sur le carrelage. Son bras retombe tandis qu’un soupir de soulagement s’échappe de sa poitrine. Mais alors qu’un semblant d’apaisement commence à s’installer à nouveau en elle, le corps au sol se redresse brusquement.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
© Marushka Tziroulnikoff 2019
James vit à Oxford, il est retraité et quand il fait froid, James porte une chapka.
Margaret fait de la politique et elle roule à vélo, peu importe la météo.
Puis, il y a Puffy, un Poméranien pas comme les autres et quand on sait que Puffy n'aime pas Margaret...
Margaret fait de la politique et elle roule à vélo, peu importe la météo.
Puis, il y a Puffy, un Poméranien pas comme les autres et quand on sait que Puffy n'aime pas Margaret...
lire LE DÉBUT
Un fin brouillard se dépose sur les berges du canal tandis que le jour décline. Quelques lumières brillent ça et là, faibles points de repère pour d’éventuelles âmes égarées. Les cheminées des étroites péniches amarrées diffusent dans l’air le parfum âcre du charbon qui brûle. Quelques canards cancanent encore pour se rassembler avant la nuit, les autres oiseaux sont déjà couchés.
1er novembre. La plupart des arbres sont dégarnis de leur abondant feuillage, les températures commencent à chuter, les promeneurs frileux sont déjà rentrés chez eux. Le silence est si présent qu’il habille à lui seul la nature presque endormie puis soudain, un bruit feutré, celui de pas qui écrasent les quelques feuilles mortes jonchant le sol. Une ombre... Non ! Deux ombres apparaissent. L’une grande, forme humaine. L’autre minuscule. Un fin lien qui les unit. Les ombres approchent. Elles sont bien réelles. Elles arborent des couleurs qui flashent dans l’ambiance féerique du lieu presque inviolé. L’humain porte un gilet dont le jaune criard est rayé par des bandes blanches fluorescentes, un gilet de sécurité. L’homme, car il s’agit bien d’un homme, veut être vu, et son compagnon n’est pas en reste. Un minuscule Poméranien porte un harnais rose arborant, lui aussi, des bandes fluo. De plus, accrochée autour du cou du chien, une lampe rouge clignote et envoie dans la nuit, à un rythme rapide, son éclairage agressif. On n’est jamais trop prudent, un vélo sans lumière pourrait débouler à tout moment et percuter le couple improbable.
À petits pas pressés, l’homme se dirige vers le pont qui leur permettra de franchir le canal pour rentrer chez eux. Son chien, Puffy, a envie de se promener encore un peu et de renifler les arômes des végétaux en décomposition. Mais voilà que James s’impatiente et tire sur la laisse :
– Viens Puffy. Allons. Avance mon garçon.
Puffy résiste un peu, pour la forme. Il sait bien que son maître gagnera la partie. James grelotte. La chapka vissée sur la tête, il se dit qu’il aurait été bien inspiré de porter des gants. Bien sûr, il faut sortir le chien, mais franchement celui-ci a-t-il besoin de prendre autant de temps pour faire ses petites affaires ? L’homme maugrée et alors qu’il s’apprête à houspiller son compagnon, voilà que celui-ci le dépasse en aboyant avec virulence, crevant par là même la quiétude du lieu. La laisse est tendue et James menace de perdre l’équilibre.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
1er novembre. La plupart des arbres sont dégarnis de leur abondant feuillage, les températures commencent à chuter, les promeneurs frileux sont déjà rentrés chez eux. Le silence est si présent qu’il habille à lui seul la nature presque endormie puis soudain, un bruit feutré, celui de pas qui écrasent les quelques feuilles mortes jonchant le sol. Une ombre... Non ! Deux ombres apparaissent. L’une grande, forme humaine. L’autre minuscule. Un fin lien qui les unit. Les ombres approchent. Elles sont bien réelles. Elles arborent des couleurs qui flashent dans l’ambiance féerique du lieu presque inviolé. L’humain porte un gilet dont le jaune criard est rayé par des bandes blanches fluorescentes, un gilet de sécurité. L’homme, car il s’agit bien d’un homme, veut être vu, et son compagnon n’est pas en reste. Un minuscule Poméranien porte un harnais rose arborant, lui aussi, des bandes fluo. De plus, accrochée autour du cou du chien, une lampe rouge clignote et envoie dans la nuit, à un rythme rapide, son éclairage agressif. On n’est jamais trop prudent, un vélo sans lumière pourrait débouler à tout moment et percuter le couple improbable.
À petits pas pressés, l’homme se dirige vers le pont qui leur permettra de franchir le canal pour rentrer chez eux. Son chien, Puffy, a envie de se promener encore un peu et de renifler les arômes des végétaux en décomposition. Mais voilà que James s’impatiente et tire sur la laisse :
– Viens Puffy. Allons. Avance mon garçon.
Puffy résiste un peu, pour la forme. Il sait bien que son maître gagnera la partie. James grelotte. La chapka vissée sur la tête, il se dit qu’il aurait été bien inspiré de porter des gants. Bien sûr, il faut sortir le chien, mais franchement celui-ci a-t-il besoin de prendre autant de temps pour faire ses petites affaires ? L’homme maugrée et alors qu’il s’apprête à houspiller son compagnon, voilà que celui-ci le dépasse en aboyant avec virulence, crevant par là même la quiétude du lieu. La laisse est tendue et James menace de perdre l’équilibre.
© Marushka Tziroulnikoff 2019
Lorsque Mala débarque en classe de Terminale, la vie paisible et bien réglée de Beverly s’en trouve perturbée.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
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La plupart des croyances ont la vie rude. Il y en a une, par exemple, qui affirme que les filles belles sont systématiquement stupides et à l’inverse, que les filles moches sont inévitablement intelligentes. Il est dit aussi que les blondes ont tendance à être niaises ou alors qu’elles se la pètent. Mais si certaines croyances sont bien ancrées, il existe aussi un proverbe qui clame qu’il existe toujours une exception pour confirmer une règle. S’il devait y avoir une exception aux deux croyances précitées, elle se nommerait Beverly Stage.
Beverly – Bev pour ses amis – est jeune, belle, intelligente et éminemment sympathique. Une abondante chevelure blonde encadre son visage impeccablement symétrique : des yeux bleus fabuleux, ourlés par de longs cils naturellement courbés, un nez aux proportions gracieuses, une bouche aux lèvres pulpeuses et aux dents parfaites. Sous cette tête joliment faite, un corps où règnent les justes proportions. De morphologie fine et élancée, la musculature qui entoure et soutient le squelette de la jeune fille est ferme et galbée comme il se doit. Nul doute que Bev a été créée par le même architecte que celui qui est à l’origine du nombre d’or.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Beverly – Bev pour ses amis – est jeune, belle, intelligente et éminemment sympathique. Une abondante chevelure blonde encadre son visage impeccablement symétrique : des yeux bleus fabuleux, ourlés par de longs cils naturellement courbés, un nez aux proportions gracieuses, une bouche aux lèvres pulpeuses et aux dents parfaites. Sous cette tête joliment faite, un corps où règnent les justes proportions. De morphologie fine et élancée, la musculature qui entoure et soutient le squelette de la jeune fille est ferme et galbée comme il se doit. Nul doute que Bev a été créée par le même architecte que celui qui est à l’origine du nombre d’or.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Stacey est mariée à Doug, mais Doug est alcoolique et quand il boit, c'est Stacey qui prend.
Et la télé de la voisine qui gueule encore...
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Et la télé de la voisine qui gueule encore...
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
lire LE DÉBUT
Et ça continue !
Sa putain de télé tourne en continu !
Le son à fond, bien évidemment !
Celles et ceux qui connaissent Stacey savent qu’elle est une gentille fille, genre con. Genre celle qui s’écrase pour ne pas faire de vagues, pour ne pas déranger. Stacey, c’est la nana qui s’arrête pour offrir son sandwich aux chiens errants. C’est la souris qui ramasse les chatons abandonnés. C’est la gonzesse qui donnerait jusqu’à son t-shirt aux sans domiciles. Quand une situation menace de virer au fiasco, Stacey, elle se la coince, histoire de ne pas envenimer les choses. Mais comme tout le monde, Stacey, parfois, elle a la carafe qui déborde, la cocotte minute qui menace d’exploser.
C’est le problème avec les gentilles filles, elles ferment leur gueule et on s’habitue à leur docilité. On y prend goût d’ailleurs. C’est si confortable. Sauf que là, Stacey, elle tourne en rond dans son salon comme un lion tourne dans sa cage. Elle a une belle vue depuis la fenêtre de son living-room, mais la vue, dans l’instant, elle ne la voit pas, elle ne la voit plus. Stacey, là, tout de suite, elle a les émotions qui saturent générant dans sa petite caboche des pensées qui sont loin, très loin, de la bienveillance envers sa semblable du dessous.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Sa putain de télé tourne en continu !
Le son à fond, bien évidemment !
Celles et ceux qui connaissent Stacey savent qu’elle est une gentille fille, genre con. Genre celle qui s’écrase pour ne pas faire de vagues, pour ne pas déranger. Stacey, c’est la nana qui s’arrête pour offrir son sandwich aux chiens errants. C’est la souris qui ramasse les chatons abandonnés. C’est la gonzesse qui donnerait jusqu’à son t-shirt aux sans domiciles. Quand une situation menace de virer au fiasco, Stacey, elle se la coince, histoire de ne pas envenimer les choses. Mais comme tout le monde, Stacey, parfois, elle a la carafe qui déborde, la cocotte minute qui menace d’exploser.
C’est le problème avec les gentilles filles, elles ferment leur gueule et on s’habitue à leur docilité. On y prend goût d’ailleurs. C’est si confortable. Sauf que là, Stacey, elle tourne en rond dans son salon comme un lion tourne dans sa cage. Elle a une belle vue depuis la fenêtre de son living-room, mais la vue, dans l’instant, elle ne la voit pas, elle ne la voit plus. Stacey, là, tout de suite, elle a les émotions qui saturent générant dans sa petite caboche des pensées qui sont loin, très loin, de la bienveillance envers sa semblable du dessous.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Le F.B.I. se paye les services de Lorrie, une super-profileuse.
Mais Lorrie a un secret, que seul un chamane pourrait découvrir.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Mais Lorrie a un secret, que seul un chamane pourrait découvrir.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
lire LE DÉBUT
– Lorrie Mysaut est née au Zimbabwe. Elle est la fille unique d’un banquier suisse, Étienne Mysaut, et d’une ancienne geisha, Katsue Hirosaka. Ses parents se sont rencontrés lors d’un voyage d’affaires de son père au Japon alors qu’il n’était encore qu’un jeune banquier à la carrière prometteuse. Il a payé une somme conséquente afin de sortir Katsue de sa condition de geisha et il l’a épousée au Japon, avant de la ramener avec lui à Genève. Leur fille Lorrie est née dix ans plus tard à Harare. Le couple a beaucoup voyagé, au gré des postes qui étaient offerts à Étienne. Mais à cette époque, le Zimbabwe étant beaucoup trop instable, il a demandé sa mutation et la famille s’est rendue en Argentine. Miss Mysaut y a passé toute son enfance ainsi que les premières années de son adolescence.
Le directeur de l’agence du F.B.I. de Washington marque un temps d’arrêt dans la lecture du dossier qu’il tient entre ses mains.
– C’est une blague ! s’exclame un des hommes assis dans la salle où toute l’unité a été rassemblée pour le briefing.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Le directeur de l’agence du F.B.I. de Washington marque un temps d’arrêt dans la lecture du dossier qu’il tient entre ses mains.
– C’est une blague ! s’exclame un des hommes assis dans la salle où toute l’unité a été rassemblée pour le briefing.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Depuis qu'elle est gosse, Diana, la Londonienne, clame qu'elle vivra un jour son rêve américain.
Mais il arrive parfois que nos plus beaux rêves virent au cauchemar.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
Mais il arrive parfois que nos plus beaux rêves virent au cauchemar.
Cette nouvelle fait partie du recueil AMÉRICAINES.
lire LE DÉBUT
Depuis combien de temps Diana est-elle assise à cette table poussiéreuse ? Sa tête est vide et elle regarde son environnement sans vraiment le voir. Une mouche vole quelque part, lourdement, et s’acharne à se taper contre la vitre brûlante qui la sépare de l’extérieur. Une pensée traverse la tête de la jeune femme : la mouche cuirait-elle sur place une fois qu’elle serait dehors ? Dehors ou dedans, même combat : il fait chaud et moite. Seule l’ombre sauve les vivants, mais pour combien de temps ? Un ventilateur bruyant et rachitique brasse, sans aucun résultat probant, l’air lourd chargé de minuscules particules d’eau.
Un gémissement plaintif s’échappe de la gorge de la voyageuse, une lamentation qui vient de bien plus profond, de son cœur et de ses tripes. Diana reprend peu à peu pied dans la réalité de l’instant et elle mesure la douleur de la déchirure intérieure que l’excursion entreprise avait pourtant momentanément occultée. La blessure ramène avec elle un flot de souvenirs et Diana retient péniblement quelques premières larmes qui piquent ses yeux. Elle ne veut pas se rappeler ce qu’il s’est passé hier matin.
© Marushka Tziroulnikoff 2020
Un gémissement plaintif s’échappe de la gorge de la voyageuse, une lamentation qui vient de bien plus profond, de son cœur et de ses tripes. Diana reprend peu à peu pied dans la réalité de l’instant et elle mesure la douleur de la déchirure intérieure que l’excursion entreprise avait pourtant momentanément occultée. La blessure ramène avec elle un flot de souvenirs et Diana retient péniblement quelques premières larmes qui piquent ses yeux. Elle ne veut pas se rappeler ce qu’il s’est passé hier matin.
© Marushka Tziroulnikoff 2020